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Hammam-Bou-Hadjar

"La source d'eau chaude qui fabrique de la pierre".

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Un peu de géographie ...

Hammam-Bou-Hadjar, chef-lieu de Daïra, est situé dans la Wilaya de Sidi-Bel- Abbès, à 20 km d'Aïn-Témouchent et à 71 km d'Oran.

Altitude : 150 m. Les plages de la Méditerranée ne sont qu'à 20 km.

Micro-climat doux, particulièrement apaisant pour les souffrances des voies respiratoires, surtout pour l'asthme.

La proximité des sources thermales est a l'origine du nom du village d'Hammam-Bou-Hadjar.  

C'est donc un nom arabe que l'on  peut traduire ainsi : bain chaud (Hammam) et pierre (Hadjar). Les 

eaux de Hammam-Bou-Hadjar présentent une singularité assez curieuse : elles sortent d'un amphithéâtre 

de collines où gît un massif de travertins, c'est à dire de roches calcaires déposées en lits irréguliers.

 Il en résulte un comportement assez capricieux des eaux : leurs points d'émergence sont en perpétuel déplacement.

C'est sans doute ce qui peut expliquer en partie cette histoire légendaire, mais un peu fantaisiste, de la naissance d'une des sources de Hammam-Bou-Hadjar : un jour, il y a fort longtemps, une vache paissait 

paisiblement au pied des collines. Soudain, plaçant malencontreusement son sabot dans un petit trou, 

elle fit une chute. Et, aussitôt, l'eau se mit a couler à l'endroit même où elle était tombée. On appela alors cet endroit " la source de la vache ".
Sans doute avait-elle crevassé le sol à l'endroit même où un flux d'eau
cherchait à jaillir à l'air libre.

Un peu d'histoire ...

Création romaine
Les romains se sont intéressés à cette région. Habiles architectes et grands constructeurs, ils créèrent Ad Dracones qui ne fut, en fait, qu'un poste, peut-être important au plan militaire, permettant le contrôle et la sécurité des convois romains sur le grand axe Portus Magnus/Albulae ( Saint-Leu / Aln-Témouchent ).
Ad Dracones, la cité des dragons fut ainsi nommée en raison des sources sulfureuses très appréciées des Romains, sources qui semblaient cracher la lave et le feu.
Il est probable que les armées et populations romaines s'attachèrent, durant les deux à trois siècles où leur colonisation fut poursuivie, à cultiver le blé et peut-être la vigne ainsi qu'à développer l'olivier sur le pays. L'essentiel des grands marchés romains portait en effet sur ces trois denrées blé, vin et huile.

 

Évêché
On ne peut passer sous silence la volonté romaine de développer certes, la colonisation militaire mais aussi la colonisation religieuse.La présence tout autour d' Ad Dracones, d'autres évêchés comme Alhulae 

(Aïn-Témouchent), Ad Crispae (Bou-Tlélis), Ad Fratres (Nemours), Fluvio Assaris (Pont-de-I'lsser), Portus Sigensis (Béni-Saf ) montrent que les Romains mêlaient intimement l'administration civile et religieuse.
La position d'Ad Dracones en tant qu'évêché fut relevée jusqu'au Vème siècle. Deux au moins de ses évêques nous sont connus Auxilius et Maddanius qui participèrent à Carthage à ces congrès-conciles mi-religieux, mi-politiques chargés de contenir la pression des évêques schismatiques ariens, tous féaux 

des bandes vandales du roi Hunéric qui allait ruiner le pays. 

Bien avant le Vème siècle, l'invasion vandale mit fin à la domination romaine et un pillage organisé anéantit pratiquement les grands territoires agricoles édifiés  par les légions de Rome en terre africaine. Si donc Ad Dracones connut, ce qui est vraisemblable, une première colonisation liée à la découverte de ses terres fertiles tant au blé qu'à la vigne, les hostilités entre Romains et Vandales, puis entre Vandales et Maures au Vlème siècle, achevèrent de détruire ce pays naissant jusqu'à lui rendre, au fil des siècles, son caractère quasi préhistorique.

Avant l'ère romaine, les maghrébins fixés sur la région habitaient de préférence les grottes assez nombreuses sur cette contrée.. Les indigènes restèrent dans ces régions, très assidus des sources dont les Romains leur avaient vanté les vertus.


Un terrible séisme
Le VII ème siècle fut marqué par le terrible séisme qui engloutit Albulae (Aïn-Témouchent ) distante de seulement 25 km. Il semble difficile de ne pas envisager le prolongement de cette catastrophe jusqu'aux points de peuplement voisins comme Hammam-Bou-Hadjar, zone marquée de failles volcaniques profondes et de vastes échancrures terrestres comme le fameux " Fer à Cheval ", voisin de la ville, qui constitue l'affaissement tellurique le plus marqué de la région.

Les Béni-Ameur
Tout au long des siècles qui suivirent, seule la vie pastorale et nomade des habitants allait assurer le lent peuplement de cette région. Un certain nombre de familles assurait la représentativité de ce douar. Leur 

installation est antérieure au XVllI ème, à une époque où s'établit enfin sur l'ouest algérois, grâce à la médiation des grands chefs religieux, une paix relative qui mit fin en particulier aux exactions des grandes bandes qui avaient leur zone de repli au Maroc.
Il y avait aussi, sur la région, une fraction de la puissante tribu des Béni-Ameur capable de lever sur ses territoires innombrables une véritable armée. Les Turcs, puis les Espagnols eurent à négocier avec elle, ce qui, d'ailleurs n'empêcha nullement les conflits.
C'est en 1805 que les Turcs, bien implantés à Oran, s'engagèrent à réduire cette trop puissante tribu qu'ils acculent sur le Témouchentois. Leur chef, Mélakéche, jette dans la bataille toute sa force de cavaliers et de fantassins. La bataille est longue et féroce, mais les Béni-Ameur sont finalement vaincus à la sortie 

d' Hammam-Bou-Hadjar alors qu'ils refluaient vers le Tessalah. Cette victoire fut, finalement, plutôt néfaste à la puissance turque qui aurait dû s'allier les Béni-Ameur plutôt que les combattre car le ressentiment des musulmans fut profond sur toute la province d'Oranie.
Moins de 25 ans plus tard, les forces françaises amenaient une paix décisive sur la région après la reddition de l'Emir Abd-El-Kader. La colonisation accélérée du pays ouvrait, elle, une ère de prospérité.

 

L'épopée française
Hammam-Bou-Hadjar vient d'un patronyme intrinsèquement arabe et que l'on peut traduire ainsi " Bains chauds (Hammam) " références aux sources, de la pierre (Hadjar), référence au rocher et à ses concrétions calcaires, référence, peut-être aussi, aux "Hadjaria",vieille tribu établie sur la région.

La création du village a été soumise à la commission dite " des nouveaux centres " - instituée par arrêté du 23 août 1859- le 4 novembre 1873. Ce n'est toutefois que le 11 mars 1874 que la commission, présidée par M. Bonnafous, commissaire civil, donne un avis favorable à la création d'Hammam-Bou-Hadjar, sur le lieu même des eaux ainsi qu'il est précisé dans le rapport.
Créé entre les eaux et l'ancien marabout de Bou-Hadjar, le village va finalement prendre corps à l'emplacement du poste romain Dracones, sur cette piste historique reliant Albulae (Ain-Témouchent) à Regiae (Arbal).
Tout voyageur était émerveillé de ce qui s'offrait à sa vue un vaste horizon de plantations et de cultures, des fermes aux toits clairs terminant de longues allées plantées d'oliviers ou d'eucalyptus, toutes ces campagnes formant la commune d'Hammam-Bou-Hadjar avec, là-bas, en son centre, l'agglomération et son tracé 

rectiligne, ses immeubles, ses villas et jardins pleins de charme, et puis, bien visibles au-dessus le beffroi de l'Hôtel de Ville et la flèche élégante de l'église inaugurée en 1898.
La présence des Thermes si réputés pour les cures et la fraîcheur des jardins (Jardin du Rocher, notre Petit Vichy et le Jardin des Veuves) donnaient l'impression calme des oasis.
Ensemble harmonieux s'il en fut, la ville et ses alentours donnaient aussi une impression d'ordre et d'aisance, avec ce je ne sais quoi en plus, qui semblait parfaire les lieux, les éclairer de cette lumière vive, propre à mettre en valeur une architecture 

heureuse dans la parfaite synchronie des lignes et des teintes.
Harmonie, oui. harmonie! voilà bien le mot-clé propre à définir ces longues diagonales 
qui, du cimetière aux thermes, ou des abattoirs à l'ancienne gare, s'ouvraient à une animation permanente alors même que leurs extrémités semblaient se perdre dans les vignes dans ces vastes forêts de ceps où le soleil filtrait comme dans l'échancrure d'un corsage jusqu'à la gorge nourricière.Lors de la conquête de l'Algérie, le lieu n'était qu'un simple douar, connu cependant pour ses élevages et un certain commerce de céréales provenant d'environ 2000 hectares de terres cultivées. Le reste du territoire est abandonnée aux troupeaux, encore ceux-ci sont-ils regroupés sur les basses plaines, ou lentisques et palmiers-nains ne constituent pas la forêt qui recouvre tant d'autres lieux.
Dans les années 20, le Maire Jean Saint-Jean encourage les premières initiatives qui visent à rassembler la jeunesse bou-hadjarienne dans un grand club omnisports aux côtés de la vie associative du village soulignée par une fanfare.
L'Union Sportive d'Hammam-Bou-Hadjar, 1'USHBH, venait de naître. Dès sa création en 1923 et jusqu'à la guerre en 1938, I'USHBH se hissera en tête du hit-parade des équipes de football et c'était sans compter le cyclisme, le Tennis, le Boules-club et le Judo-club. Les associations se démultiplieront avec les Amitiés 

Laïques, les Cols Bleus, l'Association Saint-Vincent de Paul, l'Amicale des Marauders, l'Amicale des Francs-comtois ou les Anciens Combattants.Il y avait beaucoup de fêtes dans le village. Certes, les patronales y étaient réputées mais aussi celle du Tennis-club, des écoles, de l'USHBH; des Amitiés Laïques ou des oeuvres Catholiques. Quant à la fête annuelle, toujours largement dotée par la municipalité, elle drainait des foules énormes tant l'ambiance était extraordinaire.


Mais la vedette était sans conteste le Bou-You-You, le tramway à vapeur qui reliait Oran à Hammam-Bou-Hadjar. Nous lui consacrerons, ultérieurement un article, mais signalons tout de même que c'était un train peu ordinaire, moitié bus, moitié tramway qui ne s'en laissait pas conter et vous crachait, rageur, une envolée d'escarbilles charbonneuses à vous noircir un ivoirien lorsque le mécano lui chatouillait la vapeur. Lors de ses ralentissements, nous avions le temps de descendre nous dégourdir
les jambes et de remonter en marche tant il prenait son temps notre Bou-You-You.

 

La fin de l'ère française

En 1960, la population d'Hammam-Bou-Hadjar comptait environ 16 000 habitants, dont plus de 10 000 sur la seule agglomération. Les événements qui sévissaient à Oran, les opérations militaires dans le bled, avaient amené un certain nombre de familles à se regrouper au village, regroupement encore facilité par la mise en service des trop fameux " 374 logements " ouverts en bordure de la route d'Ain-Témouchent et qui devaient rendre, un temps, ce passage difficile. Parallèlement, la population européenne commençait sérieusement de baisser. 

Chômage, menaces et exactions ajoutées à la perspective de cette " Algérie algérienne " voulue par le pouvoir, entraînaient peu à peu un certain nombre de familles à quitter le village pour aller s'installer en métropole. En dépit des pressions amicales exercées pour les retenir, bien des familles quittèrent ainsi 

Hammam-Bou-Hadjar, en majorité ouvrières, précisons-le. Mais ces départs, outre qu'ils entamaient le moral de beaucoup, infléchirent dangereusement la présence européenne qui chuta de près de 500 individus en 5 ans.
A partir de 1961, un plan fut mis sur pied pour enrayer cet exode naissant. Plan aussi collectif que clandestin et qui apportait une aide substantielle aux chômeurs, aux sans emploi du fait des événements. Mais, outre que les familles aisées ne pouvaient donner qu'à la mesure de leurs moyens, la colonie prenait, 

elle aussi, insensiblement, pied en France. La brèche demeurait grande ouverte et le village continua à se vider. 

Là est donc bien le commencement de ce reflux européen qui allait s'amplifier en 1962/63 à l'indépendance de l'Algérie puis à la saisie des biens, jusqu à vider Hammam-Bou-Hadjar de la totalité des européens, puisque moins de 1% demeura dans les lieux. Français, Espagnols, Italiens, Suisses, Belges, Portugais et Grecs, quelques autres même, comme ces 'Russes blancs' que nous avons connus à Oran et qui s'étaient établis après la révolution, en 1917 dans leur pays. Toutes ces origines déjà diluées, toutes ces nationalités en partie évanouies, toutes ces ethnies, à la fois différentes et complémentaires, cohabitaient sans problèmes majeurs et avec solidarité. Toutes, confondues et diffuses, livraient à l'Algérie une descendance

unificatrice qui composait précisément cette vivante communauté pieds-noirs qui ne se révéla à la mère-patrie que lorsque celle-ci, par son vote historique mais imbécile, l'eut implacablement condamnée à l'exode sans l'avoir entendue ni comprise.

 

Extrait de "Hammam-Bou-Hadjar 1874-1962 Petite chronique de mon village algérien et de son environnement "

Georges-Emile Paul
1988